Objectif général
Améliorer la justice et l’État de droit en République centrafricaine.
Rép. centrafricaine
Améliorer la justice et l’État de droit en République centrafricaine.
La Cour pénale spéciale (CPS) en République centrafricaine (RCA) a été créée dans un contexte de violences massives, d’effondrement des institutions et d’impunité chronique. Entre 2003 et 2013, le pays a connu une succession de crises politico-militaires, marquées par des coups d’État, des rebellions armées et des exactions à grande échelle, avec l’émergence de nombreux groupes armés non-étatiques. La crise de 2012-2013, incluant l’offensive de la coalition Séléka et la contre-insurrection des milices anti-Balaka, a déclenché une spirale de violences intercommunautaires, donnant lieu à des crimes de guerre, crimes contre l’humanité et violations graves des droits humains, documentés par des enquêtes onusiennes.
La faiblesse du système judiciaire national – en termes de moyens, d’indépendance et de sécurité – rendait impossible la poursuite autonome de ces crimes, et l’intervention de la Cour pénale internationale (CPI) restait limitée à quelques affaires emblématiques. Face à ce vide structurel, les autorités centrafricaines, avec le soutien de la société civile et des partenaires internationaux, ont opté pour une juridiction hybride, combinant droit national et composantes internationales, visant à accélérer les procédures, garantir l’indépendance des magistrats et restaurer la confiance de la population dans la justice. La loi organique n°15.003 du 3 juin 2015 a institué la CPS, compétente pour enquêter, instruire et juger les violations graves des droits humains et du droit international humanitaire commises depuis le 1er janvier 2003, notamment les crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide. Son mandat, initialement de cinq ans, a été renouvelé en janvier 2023 pour cinq années supplémentaires.
Opérationnelle depuis 2018, la CPS a constitué un parquet spécialisé, recruté des magistrats et officiers de police judiciaire, ouvert des enquêtes et organisé ses premières audiences. À ce jour, 4 procès publics ont eu lieu, 14 accusés ont été jugés et 28 affaires sont en cours d’instruction. Cependant, la Cour reste confrontée à des défis majeurs : sous-financement chronique, capacités limitées du greffe, manque d’indépendance opérationnelle, rareté des compétences spécialisées et faible intégration avec le système judiciaire national.
Le programme ACPES vise à renforcer autant que possible les capacités judiciaires, administratives, budgétaires et opérationnelles de la CPS, en complément du soutien de l’ONU, et dans un contexte de diminution des financements internationaux. Cette intervention s’inscrit dans le programme « Renforcement de l’État de droit et de la justice pour les citoyens centrafricains » financé par l’Union européenne, et a pour objectif spécifique de rendre plus efficace le processus de justice transitionnelle en République centrafricaine.
Ce projet répond à l’objectif de développement durable n°16, Paix, justice et institutions efficaces : Promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et inclusives aux fins du développement durable, assurer l’accès de tous à la justice et mettre en place, à tous les niveaux, des institutions efficaces, responsables et ouvertes à tous.