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18-06-2025

Guinée/Mali/Sénégal : Coginta poursuit son engagement au profit de la stabilité et de la cohésion sociale dans les zones frontalières des États côtiers

Au cœur de l’Afrique de l’Ouest, les zones frontalières entre la Guinée, le Mali et le Sénégal forment un espace stratégique aussi dynamique que fragile. Longtemps perçues comme des zones de brassage culturel et économique, ces régions sont aujourd’hui menacées par une insécurité croissante, alimentée par la prolifération de groupes armés non étatiques, les trafics transfrontaliers et les défis systémiques en matière de gouvernance. C’est dans ce contexte que s’inscrit le projet « résilience et stabilité des régions frontalières (3 FRONTIÈRES) », d’une durée de 39 mois, financé par l’Union européenne et mis en œuvre par Coginta, le Centre pour le dialogue humanitaire (HD) et la GIZ. À cette occasion, Coginta a officiellement ouvert son premier bureau au Sénégal, à Kédougou dans le sud-est du pays.

Traversées par les ceintures de roches vertes birimiennes – riches en différents métaux – qui s’étendent dans toute la sous-région, du Sénégal au Niger, ces zones frontalières connaissent depuis les années 2000 un véritable boom minier. Ainsi, l’orpaillage artisanal et semi-industriel attire des dizaines de milliers de personnes, souvent des jeunes qui viennent parfois de loin, créant une pression démographique inédite et une hausse de la criminalité. Si l’activité aurifère constitue une source importante de revenus pour les populations locales, elle engendre aussi des conflits fonciers, des tensions intercommunautaires et une exploitation illégale souvent hors de tout contrôle étatique.

Cette situation offre un terreau fertile à la criminalité organisée et à l’implantation de groupes terroristes, qui exploitent ces zones pour le financement de leurs activités via des taxes sur l’or ou la fourniture de protection aux opérateurs clandestins. Des recrutements jihadistes dans les sites d’orpaillage, comme l’a révélé le cas d’Abou Fadima au Burkina Faso, montrent que l’or est devenu une monnaie stratégique pour les groupes armés. En réponse à cette problématique, Coginta est déjà active depuis 2021 dans le nord de la Côte d’Ivoire à travers les différentes phases du projet SECORCI, qui a pour but de sécuriser et de valoriser l’exploitation aurifère artisanale comme facteur de développement et de cohésion sociale.

Face à la grande porosité des frontières, le projet 3 FRONTIÈRES s’ancre donc dans un espace où les mouvements de populations – migratoires, commerciaux ou pastoraux – sont intenses et peu contrôlés. Dans ces zones, la faible présence de l’État, l’absence d’infrastructures de base et le manque de perspectives économiques exacerbent le sentiment d’abandon des populations, en particulier chez les jeunes. Ces derniers, désœuvrés, deviennent des cibles faciles pour les discours radicaux. Dans des localités comme Kourémalé (frontière Guinée-Mali), les services de santé, d’éducation ou de sécurité sont quasiment inexistants, et les groupes armés profitent aisément de ce vide pour instaurer leurs propres règles. Cette dynamique alimente un cercle vicieux d’instabilité et de défiance envers les autorités nationales.

Pour faire face à cette situation, l’axe 2 du projet 3 FRONTIÈRES, sur lequel Coginta intervient, s’articule autour de trois axes majeurs : la prévention des conflits et la médiation, le renforcement des capacités sécuritaires et judiciaires, et la valorisation de l’orpaillage artisanal comme vecteur de développement économique local. Le projet mise également sur une coproduction de la sécurité, c’est-à-dire une approche inclusive impliquant tous les acteurs locaux pour faire émerger une réponse concertée aux défis sécuritaires. Dans la continuité d’initiatives menées dans le cadre d’autres projets de Coginta, telles que les Journées des communautés organisées en Côte d’Ivoire ou les célébrations conjointes de la Journée africaine des frontières, le projet ambitionne aussi de renforcer la coopération transfrontalière.

En somme, le dialogue entre les différentes régions frontalières et le renforcement de la présence de l’État sont une clé pour prévenir les conflits liés à la mobilité, à la transhumance ou à l’accès aux ressources naturelles. Le projet 3 FRONTIÈRES s’inscrit dans une vision de long terme pour faire de ces zones non plus des marges oubliées, mais des territoires de résilience, de développement et de paix.